Le Wilson Tour sur la maladie de Wilson est venu à Marseille ce jeudi 08 décembre au soir, pour une première session animée par le Dr Frédérique Fluchère, neurologue coordonnatrice du centre de compétence de Marseille. Médecins neurologues, pédiatres, hépatologues et biologistes de l’AP-HM et la Fondation Hôpital Adolphe de Rothschild (CRMR coordonnateur du réseau Wilson) ont présenté les données actualisées sur cette maladie. Ils étaient accompagnés en présentiel et en ligne, notamment par des médecins hospitaliers (AP-HM, CH Toulon …) et de ville.
La Maladie de Wilson affecte le transport du cuivre, ~ 1,5 personnes/100 000 sont atteintes en France. Elle résulte d’une mutation sur le gène codant pour un transporteur du cuivre (ATP7B) ; c’est une maladie génétique autosomique récessive. Les personnes peuvent se présenter avec des symptômes hépatiques et/ou neurologiques et/ou psychiatriques ; ils peuvent aussi être asymptomatiques.
Des recommandations pour la démarche diagnostique et le suivi ont été données, au travers des données récentes de la littérature, et de l’expérience pratique des intervenants.
• Le suivi thérapeutique est maintenant facilité sur le plan biologique par le dosage du cuivre échangeable (CuEXC). Lorsque ce cuivre échangeable est mis en ratio avec le cuivre total sérique, il permet d’obtenir le REC (Relative Exchangeable Copper) : c’est un outil diagnostique très performant car il présente une sensibilité et spécificité proche de 100%. Les dosages se font à l’hôpital Lariboisière, et seront prochainement disponibles au laboratoire de biochimie à l’AP-HM (Dr Julien Fromonot). Cette disponibilité sur site présentera un avantage pratique certain.
Le Dr F Fluchère a insisté sur l’importance du réseau constitué avec les médecins de ville ou des hôpitaux périphériques pour la prise en charge multidisciplinaire du patient.
• En termes de recherche diagnostique, le Dr F Woimant a souligné des données suscitant des points de vigilance :
- une personne porteuse de la mutation peut rester longtemps asymptomatique
- des personnes d’une même famille avec la(les) mêmes(s) mutation(s) (et le même environnement) peuvent avoir des phénotypes très différents1
- la maladie peut se déclarer tardivement : 8% des personnes du Registre national Wilson France 2.0 ont été diagnostiqués à plus de 40 ans2
- la prévalence génétique de l’hétérozygotie est estimée en France à 1/30.
Ainsi il faudrait évoquer le diagnostic de la Maladie de Wilson à tout âge. Et il faut rechercher la maladie chez les apparentés d’un cas index, par une analyse biologique et/ou génétique.
Les traitements médicamenteux pour l’heure disponibles sont les chélateurs du cuivre, et les sels de zinc. La transplantation hépatique peut aussi être une alternative thérapeutique, même en cas de forme neurologique isolée et grave.
Un suivi régulier est nécessaire pour s’assurer de l’efficacité et de la bonne tolérance du traitement.
L’importance majeure de l’observance thérapeutique a été soulevée, en particulier pendant l’adolescence, pour éviter la ré-aggravation biologique et clinique. La bonne tolérance aux médicaments est ainsi vérifiée lors de la consultation de suivi, un changement de prescription pouvant éventuellement être proposé. Attention aussi aux perdus de vues, pour lesquels le traitement a été au départ très efficace …
• Sur le plan de la recherche, les études cliniques randomisées adviennent, et devraient permettre de consolider des stratégies thérapeutiques et d’en proposer de nouvelles.
Un cas clinique de 20 ans présenté par le Dr F Fluchère a souligné des questionnements au regard de l’atteinte psychiatrique de certains des patients, qui appellent des investigations approfondies.
Ces perspectives en vue, les réunions de concertation pluri-professionnelle (RCP), appelées ici réunions de concertation et d’enseignement pluri-professionnelle (RCEP), sont bien utiles pour assurer une prise en charge optimale.
Un grand merci à Orphalan de l’organisation de ce tour, au CCMR Maladie de Wilson à Marseille de son accueil et des présentations, et aux intervenants du CRMR coordonnateur venus de Paris.
Pour tout renseignement, les membres du CCMR Maladie de Wilson se tiennent disponibles (email :
neuromouv@ap-hm.fr)
1Un projet financé par l’Association Bernard Pépin pour la Maladie de Wilson (ABPWilson) vise à comprendre les différences phénotypiques dans une même famille, indépendamment de la(des) mutation(s) et de l’environnement familial.
2 Notons aussi que le cas clinique présenté par le Pr René Gérolami avait 53 ans.