Le lumasiran, un espoir pour les patients atteints d’hyperoxalurie primitive de type 1 ?

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L’hyperoxalurie primitive de type 1 est une maladie rare qui affecte le fonctionnement du foie et provoque des lésions dans les reins. La double greffe foie-reins permet de bloquer le développement de cette maladie mais présente des risques importants pour les patients. Une équipe française de Lyon, associée notamment au docteur Stéphanie Clavé qui travaille dans le centre de référence constitutif des Maladies rares rénales de la réunion et du Grand-Est (MAREMARS, Marseille) apporte une note d’espoir avec l’utilisation du lumasiran, un petit acide ribonucléique interférent qui joue sur le fonctionnement du foie et pourrait permettre de limiter la procédure à une « simple greffe » de reins.

 

L’hyperoxalurie primitive de type 1 (HP1) est une maladie rare et héréditaire due à des mutations dans le gène AGXT. Ces mutations entrainent une production excessive d’un déchet appelé oxalate dans le foie. Chez les personnes saines, l’oxalate est présent en petites quantités qui sont acheminées et éliminées par les reins. En revanche, chez les patients atteints d’HP1, l’oxalate s’accumule dans les reins et se combine au calcium de l’urine pour former des cristaux. Ces derniers peuvent endommager les reins et affecter leur capacité à filtrer les déchets soit en s’agrégeant entre eux pour créer des masses dures (calculs rénaux ou néphrolithiase) soit en se déposant dans les reins directement (néphrocalcinose).

 

La maladie peut progresser jusqu’à une insuffisance rénale sévère. Le traitement de référence est la transplantation rénale. Le risque dans l’HP1 est une récidive immédiate de la maladie sur le transplant rénal et sa perte. Pour contrer cette complication, il est proposé de réaliser une transplantation hépatique avant ou en même temps que la transplantation rénale. En dehors du défaut de production de l’AGXT, le foie des patients avec une HP1 est normal. La transplantation hépatique est un geste complexe et, dans une situation de pénurie de transplants, la recherche de solutions alternatives pour permettre la transplantation rénale est essentielle.

 

Aux vues des difficultés associées à la double greffe, les chercheurs travaillent activement au développement de nouvelles solutions pour traiter l’HP1. L’équipe du Professeur Justine Bachetta de l’université de Lyon, associée à plusieurs partenaires dont Stéphanie Clavé du centre maladie rare MAREMARS (Marseille), s'est intéressée au lumasiran, un petit acide ribonucléique interférent (ARNi) qui réduit les niveaux d’oxalate dans le foie.

 

Dans une étude publiée dans Nephrology Dialysis Transplantation en février 2023, les chercheurs ont présenté cinq cas réussis de transplantation rénale isolée chez des patients atteints d’HP1 et ayant reçu du lumasiran et une prise en charge proactive pendant la période post opératoire immédiate sans greffe hépatique.

 

Dans un nouvel article du New England Journal of Medicine, les chercheurs ont suivi les données de ces cinq patients 23 mois après la greffe. Ils ont montré que tous les greffons continuaient de fonctionner correctement : aucun des patients ne souffrait de nephrocalcinose et le rapport entre la quantité d’oxalate et de créatinine dans l’urine était normal chez 4 patients. D’autre part, les besoins d’hyperhydratation et d’alcalinisation ont progressivement diminué.

 

Cependant, même si l’utilisation du lumasiran prévient la production massive d’oxalate, elle ne l’élimine pas totalement et il est nécessaire de poursuivre la surveillance après la transplantation. De nombreux challenges, comme la disponibilité à long terme des ARNi, doivent encore être relevés mais cette étude offre un espoir pour les patients atteints de HP1 dans une époque de pénuries d’organes.

 

 

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