La teigne : une pathologie rare chez les nourrissons

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La teigne est fréquente chez les enfants de 3 à 7 ans, mais rare chez les nourrissons de moins de deux ans. Le Dr Stéphanie Mallet, responsable de plusieurs centres de référence maladies rares, s’est penchée sur cette maladie et sur sa prise en charge chez les enfants de moins de 10 kg, une population pour laquelle les options thérapeutiques sont encore très limitées.

 

La teigne est une mycose provoquée par des champignons qui touchent le cuir chevelu. Elle se manifeste par de petites plaques squameuses sans cheveux. Certaines teignes (teignes tricophytiques) comportent de très nombreuses petites plaques de 1 à 5 millimètres de diamètre où les cheveux sont cassés à ras, alors que d'autres (teignes microsporiques) ne comportent qu'une ou deux plaques où les cheveux sont coupés courts. Bien que cette affection ne soit pas grave, elle est affichante et très contagieuse.

 

Jusqu’en 2021, la griséofulvine était le seul traitement systémique approuvé pour la teigne chez l’enfant en France, avant son retrait du marché. La solution buvable d’itraconazole a également été retirée récemment du marché réduisant encore les options thérapeutiques pour les enfants. Le Centre de Preuve en Dermatologie (CPD) a proposé un algorithme de prise en charge. Cependant, il n’y a pas de consensus pour le traitement de la teigne chez les enfants pesant moins de 10 kg et la prise en charge des plus jeunes enfants reste donc difficile.

Une étude rétrospective multicentrique sur la Teigne

Le docteur Stéphanie Mallet est dermatologue et coordinatrice de cette étude. Elle est également responsable de plusieurs centres de compétence maladies rares

 

Dans une étude nationale récente du Groupe de Recherche de la Société Française de Dermatologie Pédiatrique (GRSFDP) coordonnée par la présidente du GRSFDP, le docteur Stéphanie Mallet et menée par le docteur Axelle Cornillault, les auteurs ont décrit les modalités de prise en charge thérapeutique de la teigne chez les enfants pesant moins de 10 kg.

 

Entre décembre 2022 et juin 2024, 26 patients, dont 14 filles, ont été inclus, avec un âge moyen de 11 mois et un poids moyen de 8 kg.

 

Cette étude montre que :

 

  • La majorité des teignes sont anthropophiles (75%), ce qui confirme la tendance prédominante des espèces anthropophiles sur les zoophiles en France comme en Europe.
  • La source de contamination est principalement familiale chez le petit enfant
  • Bien que certains auteurs proposent un traitement local chez les nouveau-nés, cela doit rester un traitement d’attente (du résultat du prélèvement microbiologique) pour adapter ensuite le traitement per os (seulement 2 enfants guéris avec un traitement topique seul)
  • Les cliniciens semblaient extrapoler les recommandations du CPD : l’itraconazole était préféré pour les teignes microsporiques (p<0,001) et la terbinafine pour les teignes trichophytiques (p=0,002).
  • Les traitements étaient efficaces (21 enfants guéris, 3 améliorés et 2 perdus de vu) et bien tolérés ; un seul cas de cytolyse hépatique modérée chez un enfant traité par terbinafine, et sans toxicité hématologique était rapporté.

 

Cette étude est une des premières consacrée à la teigne chez les très jeunes enfants. Elle fournit des données cliniques et microbiologiques précieuses et soutient l’extension des recommandations thérapeutiques émis par le CPD à cette population fragile, pour laquelle les données scientifiques et le consensus font défaut.

 

Merci à toute l’équipe, en particulier aux docteurs Axelle Cornillault et Stéphanie Mallet, pour ces recherches et pour leur implication dans l’amélioration de la prise en charge des patients.

 

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